Gex
A la recherche du temps passé
Dossier
publié le
jeudi 24 juillet 2003
par EC
dans les rubriques :
Vie Communale
Culture
Environnement
- La facade est déjà en grande partie découverte (partie basse de la photo)
- De la tour ronde ne restent plus que les fondations
- Sous le mur du parc, la tour ronde est en partie conservée
- Les fouilles s'effectue à l'aide de matériel rudimentaire pour ne pas abimer les pierres
- Environ 150 m2 sont à fouiller sur une profondeur variable selon les endroits
- Un plan permet de mieux comprendre l'agencement des différents éléments
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Fouilles Archéologiques
Pour la troisième année consécutive quelques passionnés d'histoire et d'archéologie passent l'été à fouiller les vestiges du château de Gex. Leurs découvertes seront mises en valeur sur la place qui sera aménagée prochainement par la municipalité.
Il y a quelques années, la municipalité de Gex a souhaité réaménager la petite place située en haut du passage de la chenaillette. Mais dès les premiers coups de pioches, des vestiges du château sont apparus. Alors, en accord avec Alexandre Malgouverné, enseignant en histoire et membre par ailleurs de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Gex, la municipalité décide d'effectuer des fouilles minutieuses. Passionné, Alexandre Malgouverné prend le dossier en main. Il s'agit tout d'abord d'obtenir l'autorisation de l'Etat pour organiser les fouilles. Celle ci est obtenue pour trois ans. Ensuite il faut trouver des financements. La commune est le principal subventionneur autant par apport financier qu'en nature, en mettant par exemple les employés communaux à disposition quand il s'agit de vider une benne. Le conseil général apporte aussi sa part, pour un chantier où les bonnes volontés, le bénévolat et l'inventivité permettent de réduire les coûts.
Les vestiges sous terre En 2001, les premières excavations ont donc commencé. Et depuis, chaque été, jusqu'à la toussaint parfois, avec l'aide de quelques bénévoles ou jeunes recevant une petite indemnisation, les fouilles reprennent. L'hiver le chantier est recouvert de sable et d'une bâche pour le protéger du gel. La première opération consiste donc à retirer ce sable pour reprendre les fouilles. Ensuite, avec du matériel très simple - pelles, brouettes, truelles... - la terre est retirée autour des pierres qui constituaient les fondations du château. Car c'est malheureusement tout ce qu'il reste de cet édifice du moyen âge, dont la première évocation écrite date de 1210. En effet après avoir survécu à plusieurs rivalités locales ou guerres nationales, le château a été démantelé en 1590 par les genevois qui venait de le conquérir. Les matériaux ont été récupérés par les artisans de l'époque qui s'en sont servis pour reconstruire d'autres édifices. Et ensuite le château fut abandonné, acheté par le roi de France, puis revendu en partie, la défense française préférant concentrer son énergie sur Fort l'écluse.
des richesses administratives Ces fouilles permettront donc de remettre en valeur une partie de la facade du château, ainsi que deux tours, une carrée à gauche et une ronde à droite. Des tours qui faisaient de 10 à 12 mètres de haut, et qui étaient donc plus haute que les arbres à leur place maintenant. Mais comment les historiens savent ils donc tout cela ? Tout simplement parce qu'une autre grande richesse historique a été conservée : une très grande partie de la comptabilité des travaux effectués au château a été conservée. Année par année entre 1350 et 1500 environ, toutes les dépenses sont consignées. Par rouleau de 7 à 8 mètres jusqu'à 40 mètre pour les plus longs - ceux des années les plus détaillées - en latin, le descriptif de la vie architecturale du château s'expose aux historiens. C'est donc une grande richesse que constituent ces archives, qui permettent de mieux comprendre l'architecture du château.
une place historique Cela aidera donc beaucoup Marcel Sturzinger qui, une fois que les fouilles seront terminées, s'attaquera à une partie du travail non moins difficile : reconstituer sur ordinateur le résultat des découvertes. Mètre carré par mètre carré, à partir de photos numériques prises sur place, il redessinera tout le site, et créera peut être une maquette. Une exposition est aussi prévue, et dès les journées du patrimoine de la rentrée, le site - pour l'instant interdit au public- sera visitable. Mais de tout façon la municipalité a déjà décidé de conserver les vestiges sur place et d'aménager la place en mettant en valeur les découvertes. La place s'ouvrira donc dans les années à venir, à la promenade de tout un chacun, s'intégrant dans le parcours historique de la ville. En attendant les archéologues fouillent, les historiens enquêtent pour que bientôt, les promeneurs, épuisés par la montée de la Chenaillette, se reposent tout en découvrant une partie de leur passé.
E.C.
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